oh ! librius

vendredi 30 janvier 2009

« Les oiseaux sans ailes » de Louis de Bernières


L’anglais au nom français c’est un australien qui m’en a parlé, merci Tim.

Avant « Un acte d’amour » j’ai lu « les oiseaux sans ailes ».
Oui, je ne fais pas les choses dans l’ordre.
Et non, n’allez pas croire que je n’aime pas les romans épiques et historiques car celui-ci en est un parfait exemple.

D’abord l’auteur, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il est anglais (de souche huguenote et oui JD). Il possède une culture encyclopédique et un sens de la poésie incroyable. En fait il sait raconter avec talent des histoires individuelles dans le tourbillon de l’Histoire (la grande avec un grand H). Des destins de gens simples broyés par les horreurs de la guerre le plus souvent, ce fut le cas avec « La mandoline du Capitaine Corelli » et encore avec « Les oiseaux sans ailes ».

Dans le premier, ses protagonistes Pélagia et Mandras se croyaient protégés sur leur île grecque de Céphalonie, mais c’était sans compter sur l’occupation italienne, puis allemande et leurs inhérentes exactions et enfin le terrible tremblement de terre qui dévastat l’île de la mer Ionienne en 1953.

Dans le second, ce sont les amis d’enfance qui doivent quitter leur village Eskibahtché en Anatolie pour grossir les rangs de l’armée ottomane, pour retrouver leur terre d'origine alors qu'elle leur est inconnue. Les longues années de guerre détruiront la vie paisible et prospère des familles musulmanes, chrétiennes grecques et arméniennes mais aussi l’unité de l’empire ottoman à force de batailles, d’exode et de génocides et scellera l’ascension fulgurante de Atatürk et la nouvelle Turquie.

Je voyais Louis de Bernieres comme un vieux rat de bibliothèque nostalgique de cette époque au cours de laquelle je l’imaginais avoir eu 20 ans mais pas du tout il est né en 1954 et fut nommé l’un des 20 meilleurs nouvellistes anglais par un magazine littéraire britannique.
Enfin Louis de Bernières représente pour moi le véritable écrivain, à l’image d’ un Harry Crews ou d’un Francisco Coloane, à savoir qu’avant de poser sur le papier des histoires, "il a vécu" comme dirait Néruda. Louis de Bernières a grandi au Proche Orient, a été mécanicien, mais aussi prof d’anglais le matin et gaucho l’après midi en Colombie.

Il me reste encore sa trilogie latine à découvrir.

mardi 23 décembre 2008

"Un acte d'amour" de James Meek



« Un roman de premier ordre et peut-être suis-je en dessous de la vérité » voila ce qu’aurait censément aurait dit/écrit Jim Harrison à la lecture de ce livre. Donc forcément, j’ai acheté le livre sans hésiter.

De deux choses l’une, ou Jim et moi n’avons pas les mêmes goûts, impensable, ou cette éloge n’allait pas avec ce livre (ou pire cette accroche est un éhonté mensonge inventé de toute pièces par l’éditeur pour vendre le roman à foison).
Toujours est-il que, pourtant pleine d’enthousiasme, celui-ci s’est délité au fur et à mesure des pages. Je réussis l’exploit avec ce livre à n’éprouver aucune empathie pour les personnages, même la féministe Anna Petrovna ne m’a pas convaincue, encore moins le dual et romantique Samarin. Le mari castré et prisonnier de sa foi Balashov et l’amant faiblard qu’est Mutz ne m’ont pas conquis davantage. Quant à Matula c’est une caricature.
Donc déçue non seulement par les personnages mais également par l’intrigue alambiquée sur fond de Sibérie. Mais je pense que le pire dans ce roman, à sa décharge, est sa traduction française.

Wikipedia m’explique que cet auteur écossais (d’adoption, il est né en Angleterre ;-) signe avec « Un acte d’amour » son plus grand succès ?! Qu’il a vécu en Russie et en Ukraine et travaillé comme journaliste pendant près de 20 ans, notamment pour le Guardian. Et bien son livre est un amalgame de recherches historiques, de connaissances de la culture slave le tout enrichie d’une intrigue romanesque. Un journaliste qui fait l’écrivain en somme.

Morale de l’histoire : ne pas se laisser séduire par les mots d’une idole.

mardi 25 novembre 2008

C’est Leya qui a parlé de « Loin de Chandigarh »


Nous étions à un dîner en train de parler avec quelque mesquinerie et bcp d’ironie des rapports de couple et là avec un grand soupir et une mine réjouie, je me souviens qu’elle a lancé « et bien je viens de finir « Loin de Chandigarh » et on a encore bcp à apprendre ». Ainsi donc je ne saurais pas tout des secrets de l’amour ?
Ce livre est tout simplement captivant, il commence comme un postulat pour moi et se referme comme une révélation.

Près de 700 pages pour suivre le cheminement amoureux d’un homme follement épris qui s’aperçoit que tout énamouré qu’il soit de sa femme il s’est trompé sur la nature de ses sentiments à son égard. L’histoire d’un homme rationnel qui renonce à ce qu’il aime par-dessus pour partager la passion d’une femme morte depuis plus de 60 ans.

Cet homme accède pourtant à ce que beaucoup nommerait la ‘félicité domestique’ à savoir l’amour fusionnel, cette extase qui dépasse l’entente physique et font que les mots deviennent superflus. La majeure partie des gens passent leur vie à l’attendre. Lui décide de passer outre au nom d’un impératif complètement irrationnel qui dépasse le cartésien qu’il se targue d’être. Ce choix l’amènera à re-considérer toute sa vie et sa chance.

Ce livre déborde de sensualité liée à la fois au caractère passionné et libre des protagonistes mais également au cadre de cet ouvrage : l’Inde. L’Inde n’est pas essentielle à l’histoire mais en devient indissociable, elle n’est pas un prétexte à l’histoire mais un cadre attachant.

Car une des surprises de ce livre pour moi était le ton de récit, une telle liberté chez un auteur (et narrateur) indien m’étonnait. Tous deux se sont délestés de la moralité inhérente aux religions, aux coutumes qui freine toute passion et porte un jugement très critique sur les actes de chair. Le ton est donné dès la première page.
Comme Rohinton Mistry dans son « Equilibre des mondes », Tarun J Tejpal porte un regard lucide et critique sur son pays : les superstitions, la place de la femme, le système de caste, la corruption, l’héritage colonial, les violences ethniques….

L’Inde n’est présentée avec les clichés habituels de grande spiritualité, de détachement matériel ou encore comme un cadre exotique propice à la luxure. L’Inde y est décrit comme le reste rationnellement avec un attachement propres aux racines, au quotidien : la nourriture, la maison et la jungle dans les contreforts de l’Himalaya, la faune et la flore, les personnages picaresques comme Taphen et Rakshas.

Ce récit est moderne, intimiste et en même temps très romanesque. L’auteur réussit à nous conter sans mièvrerie d’une très belle histoire d’amour.

mercredi 15 octobre 2008

Dita, contemplation...

Heather Renée Sweet... plus connue sous le nom de Dita... Dita Von tease... 

J'ai dit à Gretel que je voulais écrire un post sur Dita... (histoire de publier une photo... je l'avoue...quel prétentieux...) et je m'aperçois que je suis là, devant mon clavier, les bras engourdis, les yeux fixés sur les monts de Dita, incapable d'aligner quelques mots intelligents...  

Constat : il est plutôt vain de vouloir décrire et retraduire les émotions déjà si bien transmises par cette image... volupté, rondeurs, sensualité, trouble, perfection... la liste serait longue. Je me tais donc et je laisse Dita faire son teasing,  ça marche...

Merci Gretel.

Je me souviens pourquoi je ne l'ai pas rappelé... Charlie !



En fait... ça me rappelle un truc... oui, ceux qui ont vu la "fameuse" série Californication"... avec David Duchovny, comprendront où je veux en venir... (allez un petit coup de pouce... épisode 10...), oui en fait je me souviens maintenant...

Au-delà de cette petite anecdote, la scène finale de cette pub m'amuse beaucoup... ;-)

vendredi 10 octobre 2008

Roberta

Pour moi Roberta était avant tout une chauve souris aventurière dotée non seulement de la parole mais également d’une impressionnante collection de lunettes de soleil et aujourd’hui je découvre que Roberta est aussi une femme de 82 ans, qui a trois grands enfants et un jeune amant.

Elles sont tout aussi attachantes et excentriques l’une que l’autre.

La première est celle de Christopher Moore dans l’admirable et hilarant, « La vestale à paillettes d’Alualu » et la seconde est celle de Cali.

Il était temps que je la découvre cette deuxième Roberta, elle date de 2005 et de l’album « Menteur ». Outre et malgré ses 82 printemps, Roberta est le soleil qui illumine la vie d’un jeune homme qui s’étiole dans sa vie familiale et qui trouve réconfort dans les bras de Roberta. On découvre cette femme à travers le prisme amoureux rien à voir sa régulière « cette sangsue" qu'il « n'aime pas ».

Avec une élocution singulière, une montée en puissance dans le tempo libératoire, une musique un tantinet désuète et une irrévérence dans le sujet, cette chanson me rappelle furieusement le Grand Jacques, je la trouve merveilleuse. Et vous ?


Découvrez Cali!

vendredi 26 septembre 2008

Kitano everywhere


«La vie en gris et rose »
de Takeshi Kitano,

c’est pas un écrivain, non c’est un merveilleux réalisateur et un majestueux acteur, et c’est sûr c’est pas un écrivain. Ce qui ne veut pas dire que son bouquin n’est pas bien, c’est tout le contraire.
On ne lirait pas ce livre si ce n’était pas signé Kitano, on ne publierait sans doute même pas ce livre s’il n’était pas signé Kitano. Mais on ne lit pas par complaisance mais plus sûrement parce que le personnage est attachant et que forcément ce qu’il doit raconter a de grandes chances de l’être également.

C’est plutôt rare que j’admire non seulement l’œuvre mais également l’artiste en tant que personne, pour moi ce n’est pas une obligation : la preuve j’adore le jeu de David Beckham le voir évoluer, et même le voir tout court me suffit amplement… inutile de le faire parler. A défaut d’avoir des idées, il y a pire ceux dont il aurait été préférable qu’ils taisent certaines des leurs et s’en tiennent à leur art, je pense à Céline, Genet ou plus simplement Dolores O’Riordan.

Enfin pour en revenir à Kitano, je me disais qu’au vu de la sensibilité qu’il dégage dans ses films, il ne pouvait en être différemment dans son livre, et bingo ! C’est le cas, pour preuve ? Il évolue brillamment et exclusivement sur le thème de l’enfance.
On retrouve comme dans ses films un personnage d’apparence stoïque mais en réalité à fleur de peau, prêt à exploser à tout instant devant des notions aussi fondamentales quand on a 5 ans, que l’injustice, la peur ou la rancœur.

On découvre le Japon d’après-guerre, la dure vie d’une famille pauvre dans un pays vaincu par la guerre. Un récit autobiographique avec des références culturelles et sociales inédites (pour moi) mais empreint de tellement d’universalité : il distille ses madeleines de Proust et décrit avec sincérité et honnêté son quotidien, ses grands chagrins et ses petites contrariétés. Les manques qu’ils soient affectifs ou matériels y sont décrits de manière minutieuse souvent brutale, pleine d’autodérision.

Il y a beaucoup de candeur dans son récit que ce soit dans l’écriture ou dans les dessins qui illustrent le livre, on découvre l’enfant Kitano. Il s’adresse à son lecteur comme s’il le croisait dans un bar, sur le ton naturel de la conversation ce qui rend le récit encore plus intimiste et le pose en conteur et pas en apprenti écrivain.

Candeur ne veut pas dire naïveté et Kitano a visiblement compris très jeune à quel mileu social il appartenait et ce que ça impliquait en terme de liberté. L’argent et surtout sa rareté plane sur toutes les histoires rapportées et sa conclusion tout à fait avérée :
‘J’aurais beau devenir très riche, je serais toujours un pauvre’